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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 10:29
Liberté de la Presse- Le Gouvernement veut museler  «L’Eléphant Déchaîné»

Il faudrait peut-être que l’infernal quadrupède, pour la tranquillité et le grand bonheur des vedettes qui nous gouvernent, se contente de faire le journalisme qui plaît sous nos tropiques : la couverture des activités pour la plupart d’escroquerie morale des hommes politiques et le cirage de pompes.

Car de plus en plus, des actions sont menées dans les coulisses et même auprès de radio internationale émettant dans ce pays immergé, pour rendre « L’Eléphant Déchaîné » moins audible tant en Côte d’Ivoire qu’à l’extérieur.

Ces actions ne prospérant pas, c’est au régulateur de la presse que le Gouvernement veut faire jouer le mauvais rôle dans l’opération de musèlement de «L’Eléphant Déchaîné».

La dissolution de la Sonatt et de l’Agetu

Le 24 avril 2013, le ministre des Transports, Gaoussou Touré, a signé une convention avec une entreprise colombienne nommée « Quipux », dans le cadre d’une réforme qu’il entend mener et qui, paraît-il, devrait faire de la Côte d’Ivoire, un pays envié dans toute l’Afrique pour la performance de son système de transports terrestres.

« L’Eléphant Déchaîné » qui avait ouvert une enquête dès la signature de cette convention pour comprendre le processus qui avait abouti au choix de cette entreprise, a réussi à se procurer une copie de cette convention.

A la lecture de ce document lourd de plus d’une centaine de pages, l’infernal quadrupède avait tout de suite découvert qu’à la demande des Colombiens, le ministre Gaoussou Touré entendait dissoudre deux sociétés d’Etat. A savoir la Société Nationale des Transports Terrestres (Sonatt) et l’Agence des Transports Urbains (Agetu). Et « L’Eléphant » ne s’est pas fait prier pour dénoncer ce projet qui mettait en péril l’emploi de près de 600 Ivoiriens.

« Ce sont des rumeurs »

Au cours d’une interview publiée à la fois dans les colonnes de « Le Patriote », « L’Intelligent d’Abidjan » et « Fraternité Matin » à la date du vendredi 14 mars 2014, le Ministre Gaoussou Touré s’est inscrit en faux contre les informations données par « L’Eléphant » au sujet de la dissolution de ces sociétés.

Question : « Monsieur le Ministre, cette réforme, selon certaines sources ferait disparaître des structures que sont la SONATT, l’AGETU, l’OSER, l’OFT, la SICTA, l’OIC, le Guichet Unique Automobile. Qu’en est-il exactement ? »

Réponse du Ministre : « Il n’en n’est rien. De tels propos ne sont qu’une campagne de désinformation et d’intoxication orchestrée par les détracteurs de la réforme. Hormis la SONATT et l’AGETU qui peuvent subir des modifications profondes de statut, il n’en n’est rien pour les autres structures qui seront renforcées. Mais elles n’échapperont pas au suivi et au contrôle des opérations. Nous saisissons cette occasion pour dire que réforme ou pas, l’AGETU, avec des pertes cumulées supérieures à 5 fois le capital social et des milliards de dettes impayées, est pratiquement en faillite. »

Il s’agissait donc de « modifications profondes de statuts » et non de dissolution de ces deux sociétés comme « L’Eléphant » l’avait annoncé.

Au cours d’une émission télévisée après cette grande interview malheureusement massacrée par « L’Eléphant Déchainé », le ministre a, de nouveau, la main sur le cœur et le cœur battant en cinquième vitesse, déclaré qu’il n’était pas question de dissoudre ces deux entreprises mais de modifier leur statut.

Vous apportez la preuve et vous êtes condamné !

Mis en quelque sorte au défi d’apporter la preuve de ses écrits, « L’Eléphant » s’est offert les moyens d’obtenir ces preuves.

Le 14 avril, l’infernal quadrupède met la patte sur l’ordre du jour du conseil de Gouvernement et, y découvre, au titre du ministère des Transports, deux projets de décret portant « dissolution de la Sonatt » et de « l’Agetu ».

Dans un article sur la réforme engagée par le Ministre Gaoussou Touré et publié dans « L’Eléphant » N°241 du 15 avril, la preuve est publiée (voir document).

Dans « L’Eléphant » N°243 et 245, d’autres documents du même genre contenant la preuve des écrits sont publiés. Silence radio du côté du ministère des Transports.

Mais voilà, apparemment affirmer une chose dans un journal, être mis au défi d’en apporter la preuve, relever ce défi en apportant effectivement la preuve, ne plaît pas au Gouvernement.

La preuve, le gouvernement, via son secrétariat général, a saisi le Conseil National de la presse d’une lettre de dénonciation du travail de « L’Eléphant Déchaîné ».

Résultat, le CNP, dans une lettre datée du 21 mai 2014, a «interpellé» «L’Eléphant» qui aurait violé les articles 7 et 9 de la loi N°2013-867 du 23 décembre 2013 relative à l’accès à l’information d’intérêt public.

«Par courrier en date du 23 avril 2014, écrit le CNP, le Secrétaire Général du Gouvernement a saisi le Conseil national de la presse (CNP), à l’effet de dénoncer vos éditions n°241, 243 et 245 des 8, 15 et 22 avril 2014, qui ont publié l’ordre du jour des Conseils de Gouvernement avant leur tenue. Examinant cette requête en sa session du 8 mai 2014, le Conseil a observé que vos éditions en cause ont violé les dispositions pertinentes des articles 7 et 9 de la loi N°2013-867 du 23 décembre 2013 relative à l’accès à l’information d’intérêt public.

En ce qui concerne l’article 7, il dispose au titre des informations et documents communicables que « le droit à la communication s’applique aux documents définitifs. Le dépôt aux archives publiques des documents communicables ne fait pas obstacle au droit à la communication desdits documents. » Or, il semble au Cnp sauf preuve contraire qu’un ordre du jour n’est jamais définitif avant son approbation par l’assemblée qui en délibère. En conséquence, il ne saurait faire l’objet de publication et alimenter des débats sur des sujets qui en définitive peuvent ne pas être retenus.

Quant à l’article 9, il dispose au titre des informations et documents non communicables que : « Ne peuvent être communiqués ou consultés, les informations ou documents publics dont la divulgation porterait atteinte au secret des délibérations du gouvernement et des autorités relevant du pouvoir exécutif ». En considération de cette violation, le Conseil vous invite à l’avenir au respect des règles applicables en pareille matière».

Il faut ajouter les autres éléments de cet article 9 non cités par le CNP : «Au secret de la défense nationale ; à la conduite de la politique extérieure de l’Etat ; à la sûreté de l’Etat, à la sécurité publique ou à la sécurité des personnes ; à la politique monétaire et de change de l’Etat ; au déroulement des procédures engagées devant les juridictions ou enquêtes préliminaires à de telles procédures, sauf autorisation donnée par l’autorité compétente ; à la vie privée ou à des intérêts privés, notamment le secret en matière industrielle et commerciale, les documents mis en vente au public. »

Et voilà l’avancée démocratique qui a été saluée à l’adoption de cette loi, par la ministre de la Communication. Une véritable restriction de la liberté de la presse. Presse désormais invitée à la boucler sur les exploits des dirigeants au motif que cela viole les délibérations du Gouvernement.

Comment fait donc un journaliste s’il ne peut utiliser les preuves à sa disposition pour soutenir ses affirmations ?

Quand un journaliste écrit un article et qu’un ministre de la République qualifie cet article de mensonger, que doit faire ce journaliste ?

Tout d’un coup, on comprend pourquoi la Côte d’Ivoire a perdu six places dans le dernier classement de Reporters Sans Frontières (RSF) sur la liberté de la presse dans le monde.

Source : L’ELEPHANT DECHAINE N°254

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