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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 21:39
Douanes ivoiriennes/Port d’Abidjan : Des tonnes de marchandises bloquées-Les Ivoiriens vont encore payer

Depuis le 12 avril 2014, les activités portuaires tournent plus qu’au ralenti. La cause ? Une décision de la direction générale des douanes. Laquelle a décidé de passer du SYDAM version 1 (Système de Dédouanement Automatisé des Marchandises) au SYDAM version 2.

Un système plus efficace

Le 11 avril 2014, le directeur général des douanes ivoiriennes, le colonel major Issa Coulibaly, agissant par l’intermédiaire de son adjoint, le colonel Da Pierre, a pris une Note de Service N°105/MPMB/DGD/du 11 avril 2014 ayant pour objet « Démarrage du SYDAM (Système de Dédouanement Automatisé des Marchandises) version 2.

Dans cette note ayant fait l’objet d’une « Diffusion Générale » et actuellement disponible sur le site internet de la Douane, le directeur général écrit :

« Dans le cadre du démarrage du Sydam World version 2, j’ai l’honneur de porter à la connaissance de l’ensemble du personnel et des usagers que le Sydam World sera arrêté:

du samedi 12 avril 2014 de 15 h 00 mn, au dimanche 13 avril 2014 à 24 h 00 mn.

La Direction Générale des Douanes s’excuse pour les désagréments que cette situation pourrait causer et invite l’ensemble des usagers à prendre les dispositions idoines qui s’imposent...»

Sauf que deux semaines plus tard, les désagréments liés à l’arrêt du « Sydam » et qui ne devraient durer seulement qu’un peu plus de 24 heures, continuent. Provoquant des « catastrophes financières» en chaîne au niveau des importations et des exportations de marchandises en Côte d’Ivoire.

Terminaux paralysés

La migration vers le Sydam version 2 s’est effectuée dans l’intervalle de temps annoncé par la Direction Générale des Douanes. Mais, si les choses marchent bien au sein de cette Direction, du côté des transitaires, depuis le 12 avril, c’est la catastrophe. Les Terminaux dont dispose chaque société de Transitaires ne fonctionnent plus depuis deux semaines. Conséquences, toutes les activités sont paralysées. Impossible de tirer la moindre Déclaration, impossible de tirer le moindre bon d’enlèvement pour espérer récupérer des marchandises emmagasinées ou en dépôt de douane.

Pour ceux qui importent des marchandises à crédit, il est impossible depuis deux semaines, de payer les fournisseurs. Parce que les banques exigent la Déclaration avant d’effectuer le moindre virement. Pas de déclaration, pas de virement. Pas de virement, pas de nouvelles commandes et donc pas d’activités.

Compagnies

maritimes à la fête !

Les conséquences de cette situation sont ressenties diversement au niveau des acteurs. Si les Transitaires pleurent, les compagnies maritimes elles, se frottent en quelque sorte les mains. Plus les marchandises roupillent dans les magasins, plus la facture des frais de magasinage et de stationnement à payer par l’importateur grossit.

Ainsi, un importateur interrogé par « L’Eléphant » affirme qu’alors qu’il ne devait payer que 15 mille francs pour récupérer sa marchandise, « à cause de cette situation, puisque mon transitaire n’arrive pas à tirer la Déclaration, je dois payer aujourd’hui la somme de 300 mille francs et je ne sais même pas quand cela va prendre fin. Chaque jour qui passe, la facture augmente»

Les importateurs qui possèdent plusieurs centaines de conteneurs bloqués par les dysfonctionnements du nouveau Système ne savent plus où donner de la tête. Chaque jour qui passe, ce sont des centaines de milliers de francs (70000FCFA/conteneur/jour) qui tombent dans les poches des compagnies maritimes.

Mais comme le consommateur final paiera la facture…

Au niveau de la douane aussi, on tire quelques bénéfices de cette situation puisque les difficultés pour sortir les marchandises en dépôt se sont accrues. Et plus les jours passent, plus la facture pour l’usager s’alourdit. Mais si la douane gagne à ce niveau, la quasi-paralysie des activités d’import-export cause un préjudice financier énorme à l’Etat depuis deux semaines. D’autant plus que la mesure a été prise à la veille de la semaine « Pascale », une semaine de fortes activités d’importations. Mais cette année, rien n’a marché et les pertes pour tous les acteurs, y compris l’Etat, se chiffrent en milliards de FCFA.

« Tout va bien, il n’y a aucun problème ! »

Pourtant, à la Direction Générale de la Douane, on prétend que tout va bien et que des mesures vigoureuses ont été prises pour satisfaire tout le monde à temps.

C’est ce que « L’Eléphant » s’est laissé dire par le chef de la Direction de la Communication et de la Qualité, joint au téléphone : « Après l’installation de tout nouveau système informatique, il y a forcément quelques déchets dans les premiers jours et après tout rentre dans l’ordre. D’ailleurs, à la suite d’une visite du Directeur Général au service informatique, hier, il a pris une note de service N°112/MPMB/DGD/DRC/du 24 avril 2014 portant Aménagement des heures d’ouverture… »

Ainsi, selon lui, les horaires de travail dans ce service sont désormais de « 7h30 à 20h30 » du lundi au vendredi, et, de 7h30 à 12 h30 » les samedis. Histoire de satisfaire tout le monde en attendant que tout revienne à la normale.

« Donc tout va très bien, il n’y a aucun blocage, les recettes sont normalement recouvrées, non, ça va ! C’est juste quelques déchets qui retardent le système et c’est pour rattraper ce retard que les horaires de travail ont été allongés ».

« Mais non, rien ne va ! »

Sauf que du côté d’une dizaine de transitaires interrogés au téléphone, on affirme que « plus rien ne va ».

« Si à la Direction de la douane on vous dit que tout va bien, la réalité est que nous, depuis deux semaines, on ne travaille plus. Impossible de tirer la moindre Déclaration depuis nos sièges, nos Terminaux ne marchent plus. Pour vous donner une idée de la situation, sachez qu’en moyenne, je tire 120 déclarations par mois. Pour ce mois d’avril, je n’ai pu tirer pour le moment, que seulement quatre Déclarations et le mois est déjà fini alors qu’il faudra payer les salaires et les autres charges. En deux semaines, je n’ai pu tirer qu’une seule Déclaration et il faut attendre jusqu’à 22 heures pour avoir la chance de tirer une Déclaration », se lamente le chef d’une société de Transitaires.

Un autre a abondé dans le même sens: « Non, rien ne marche, tout est au ralenti. Nos terminaux ne fonctionnent pas. C’est vrai, à la Direction de la douane, les choses marchent et on peut y tirer les Déclarations. Mais le problème est qu’il faut se déplacer jusque dans leurs locaux et quand on sait qu’il y a plusieurs centaines de Transitaires à Abidjan, imaginez la difficulté qu’il y a à obtenir un poste pour faire ses opérations. Hier (mercredi 23 avril, ndlr), j’ai envoyé mes éléments à la Direction générale mais jusqu’à 18 heures, ils n’ont pu tirer la moindre Déclaration, faute de place. Il a fallu que je me rende moi-même sur les lieux pour négocier un poste et c’est pratiquement à 20 heures que j’ai pu tirer une seule Déclaration. Dans ces conditions, on ne peut pas dire que tout va bien. Parce que nos clients se plaignent des retards et des surcoûts que crée cette situation. Tant que nos Terminaux ne fonctionneront pas, on ne peut pas travailler, donc ça ne va pas… »

« Annuler les frais supplémentaires »

Pour les Transitaires interrogés par «L’Eléphant », la douane, face à cette situation qui a des conséquences sur toute la chaîne, devrait se rapprocher des compagnies maritimes pour négocier avec elles, l’annulation des frais supplémentaires de stationnement générés par ce dysfonctionnement du Système. Puisque cette situation n’est ni de la faute des Transitaires, ni celle des importateurs.

Mais, reconnaissent les Transitaires, la situation n’est pas aussi la faute des compagnies maritimes qui sont soumises aussi à certaines astreintes financières.

Les Transitaires pensent aussi que la Direction générale de la douane devrait-à partir du moment où il est difficile de tirer les dossiers pour les marchandises en dépôt-douane-prendre la décision d’annuler les frais supplémentaires occasionnés par cette situation. Belle proposition !

Mais comme tout va bien…Importateurs et Transitaires peuvent continuer à trinquer.

A la fin, chacun pourra se rattraper dans les poches des consommateurs?

ASSALE TIEMOKO. In L’Eléphant Déchaîné N°246

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