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20 janvier 2008 7 20 /01 /janvier /2008 16:52

Arsène Usher Assouan, le nom de ce diplomate émérite, auteur de la résolution des Nations-Unies de 1961 qui institue les casques bleus se confond avec l'histoire de Grand-Lahou, une ville située sur le littoral. Amoureux des projets de développement, il a su donner en quelques années, à Grand-Lahou l'allure d'une ville moderne.

Malheureusement, le 13 octobre 2007, il a été fauché par la mort alors que certains de ses projets étaient en cours de réalisation et d'autres en attente (le projet d'extension du réseau électrique et d'adduction d'eau est en cours, et celui de la réalisation d'un quartier ultra-moderne est en attente). Et tout le département porte encore le deuil de la mort de Me Usher. Contre toute attente, le 17 décembre 2007, exactement deux mois et 4 jours après la mort de ce grand bâtisseur, Grand-Lahou a connu sa première révolte. "C'est un mouvement spontané pour faire respecter la mémoire de notre "papa" Usher", justifie Paul Gnaba, acteur de cette révolte.

A l'origine de ce soulèvement des populations de "Usherville", l'arrêté n°49/P.GL/CAB du 8 août 2007 portant attribution d'une portion de terrain rural de 144ha 38 à 55Ca à M. Tanoé Robert, exploitant forestier. Pris par le préfet du département de Grand-Lahou, René Edmond Agaud. Selon plusieurs personnes interrogées à Grand-Lahou, cet arrêté préfectoral a été pris non seulement au mépris de la loi, mais aussi et surtout, "il vise à salir la mémoire du défunt". En effet, selon Paul Gnaba, le préfet René Edmond Agaud a pris fonction à Grand-Lahou le 15 juillet 2007. En provenance de Jacqueville où il avait été vomi par les populations. Le 08 août, soit 24 jours après, il a signé l'arrêté qui l'éloigne depuis le 17 décembre de ses administrés. Aucun avis de Commodo et d'incommodo n'a été lancé dans la procédure d'attribution de la parcelle de 144ha. Cet arrêté est notifié entre autres au Maire de Grand-Lahou par ampliation. Mais dans le registre courrier départ de la préfecture et celui de courrier arrivée de la mairie, l'on ne retrouve aucune trace. Une démarche qui a irrité "Usherville" qui estime qu'il s'agit d'une tentative d'expropriation de son bâtisseur. "C'est ce qui a fâché la population. On ne peut pas accepter qu'on vienne humilier la mémoire de Me. Usher. C'est un guide, c'est notre père", explique Paul Gnaba. La famille du disparu est prête à donner sa version des faits. "Nous allons nous expliquer une bonne fois pour toutes après l'inhumation de papa" laisse entendre Usher Sylvain, fils aîné du défunt.

 

L'exfiltration du préfet

Lorsqu'a éclaté ce litige foncier, au moment où le site de la construction du caveau de Me Usher a été désigné, Grand-Lahou dans son ensemble s'est senti choquée. "Ils ont attendu que Usher meurt pour le salir. Nous ne pouvons accepter cela. Usher a trop fait, si cette ville à un visage, c'est lui. Croyez-vous que nous puissions accepter que des gens en mal de publicité le salissent ? " La réponse à la question du député Issonay Gnaba a été donnée en chœur par les jeunes, les femmes, et les hommes de la commune. " Nous devons protester pour mettre de l'ordre et discipliner nos autorités" soutient Grand-Lahou. Et comme un seul homme, les populations ont décrété la journée du vendredi 14 décembre, "Journée ville morte". Un sit-in pacifique fut organisé ce jour-là dans les locaux de la préfecture. Deux exigences essentielles étaient contenues dans la motion adressée à cet effet à l'administrateur René Edmond Agaud. "Grand-Lahou exige l'annulation pure et simple de cet arrêté et surtout exige le départ dans les 48 heures du préfet de la tête du département. Nous entendons continuer d'occuper les locaux de la préfecture jusqu'à satisfaction de ces conditions". Extrait de la motion de protestation signée de Guédé Philippe, porte-parole des populations et adressée au préfet le 14 décembre. Le lundi 17 décembre, les populations sont venues de plusieurs villages pour avoir la réponse du préfet: Brafédon, Kpanda, Tamambo, Nandibo, Dougbo, Gôh, Tiébissou, aucun de ces villages n'a voulu se faire conter la réponse du préfet. Très tôt le matin, ils ont effectué le déplacement de Grand-Lahou. Où attendaient déjà plusieurs manifestations. Ensemble, ils ont investi les locaux de la préfecture qui serait selon une source, une propriété du maire Usher Assouan. Une fois à la préfecture, Guédé Philippe et ses camarades qui pilotaient le mouvement se rendent compte que l'arrêté n'a pas été annulé. Pis, le préfet René Edmond Agaud est bel et bien en place. "Il a demandé à discuter avec nous. Uns fois dans son bureau, il nous a donné rendez-vous pour le jeudi suivant (ndlr : jeudi 20 décembre). Il nous a invités à embarquer dans son véhicule avec lui pour aller à la rencontre de son ministre de tutelle à Abidjan. Il tenait à notre égard un discours insolent vidé de toute courtoisie. C'est ainsi que nous sommes sortis de son bureau" explique Paul Gnaba. Le compte rendu de la rencontre avec le préfet a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Le commandant de brigade de Grand-Lahou, l'adjudant Aka et ses éléments ne pouvant contenir la foule de manifestations ont été très imaginatifs. L'un des gendarmes a prêté son uniforme au préfet qui s'est déguisé pour s'extraire de la furia des populations. "C'est difficile de ma part de donner des explications. J'ai déjà fait le rapport à mes supérieurs hiérarchiques", a répondu l'adjudant Aka, joint au téléphone. Mais une source proche de la brigade soutient avec force: "Le préfet a été habillé en veste treillis et on l'a sorti de son bureau pour le mettre dans le véhicule de la gendarmerie pour qu'il échappe aux populations". D'ailleurs, les manifestations reconnaissent que c'est grâce à la gendarmerie que le préfet a eu la vie sauve. "Le FDS ont joué un rôle de facilitateur. Sans eux, le préfet serait parti", reconnaît Paul Gnaba. Grand-Lahou s'est donc révolté et son préfet a été exfiltré.

 

Par Jules Claver Aka

Envoyé spécial à Grand-Lahou

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