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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 20:57

Martial-Ahipeaud.jpg

 

Avec l’implication avérée dans la crise postélectorale et une participation active aux côtés des miliciens pro-Gbagbo, la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) s’est gravement compromise dans la réorganisation de l’Ecole ivoirienne. La presque totalité des intervenants dans le débat sur la survie de la Fesci, après la crise, demande sa dissolution pure et simple. Nous avons joint Joseph Martial Ahipeaud, membre fondateur et premier Secrétaire général de ladite fédération. Il donne, ici, sa position. Entretien.

 

 

Dr Ahipeaud, vous êtes le Premier SG de la Fesci. Il est de plus en plus question de sa dissolution. Qu’en pensez-vous?

Je voudrais vous remercier pour cette occasion de m'adresser au peuple ivoirien. Je présente mes condoléances à toutes les familles qui ont perdu des êtres et je m'incline sur les âmes qui sont parties sans connaître la grâce de Dieu. Cela dit, je crois que ce débat est faux et il faut éviter de distraire le peuple ivoirien, au moment de son histoire aussi tragique.

 

Que voulez-vous dire par "il faut éviter de distraire le peuple ivoirien?

Le Président Ouattara a fait de la réconciliation nationale un point crucial de sa gouvernance. Par ailleurs, le pays fait face à une insécurité absolument effroyable en raison du contexte de la crise postélectorale. Entre comment résoudre ces problèmes d'insécurité et la réorganisation des Forces armées nationales, il y a trop de choses à faire. Enfin, la crise économique et sociale dans un contexte de fracture de l'unité nationale, ne peuvent pas nous permettre d'envoyer le débat sur la Fesci au premier plan. C'est là un point d'analyse dans la forme. Dans le fond, il y a beaucoup de choses à soulever avant d'arriver même à la question de la dissolution d'un syndicat légalement reconnu.

 

 

Quelles sont ces choses à soulever, selon vous?

La grande priorité reste la restauration de l'Etat de Droit et la poursuite du désarmement. Dans un contexte aussi complexe, il faut savoir se retenir et savoir raison gardée pour avancer. Sinon, une approche qui manquerait de tact risquerait de conduire à d'autres complications. Or, le pays a besoin d'une pause pour faire le point et pouvoir avancer. Avançons au lieu de reculer.

 

Mais presque tout le monde demande la dissolution de la Fesci. Une priorité pour le bonheur de l'école ivoirienne.

Qui demande la dissolution?

 

Des Ivoiriens à travers la presse...

Les jeunes de la Fesci pouvaient-ils agir en dehors du contexte politique?

 

Nous vous la posons, cette question.

Premièrement, un syndicat ne peut être dissout sans procédure juridique. Deuxièmement, même si des dirigeants ont commis des exactions, ils sont pénalement responsables. Alors, il faut poursuivre ceux qui sont responsables des exactions. Car, si on peut dissoudre une organisation sociale en raison des dérives de certains de ses dirigeants, même contre ceux qui luttaient en interne contre ces dérives, je ne vois pas comment les autres organisations sociales ne seraient pas dissoutes aussi. Elles ont toutes bénéficiées de la situation et ne peuvent se prévaloir d'une innocence à toute épreuve. Le Professeur Francis Wodié a parlé et dit que "nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude".

 

Doit-on donc, selon vous, poursuivre les dirigeants de la Fesci?

Nul ne doit être au dessus de la loi. Voilà le principe. Cependant, il me semble contradictoire d'engager un processus de Réconciliation-Dialogue-Vérité et en même temps, engager des procédures judicaires. A mon avis, il faut que le peuple ivoirien sache la vérité sur ce qui s'est passé depuis la mort du Président Félix Houphouët-Boigny et qu'à partir de ce moment, ce peuple décidera ce qu'il faut faire de ceux qui se sont rendus coupables des violations des Droits de l'Homme et des crimes contre l'humanité.

 

Donc, au nom de la réconciliation, doit-on annuler les poursuites?

Pas du tout ! Les procédures judicaires suivent leur cours. Car, il ne faut pas oublier que le Droit rime avec la jurisprudence. Cependant, je crois que les Ivoiriens ont plus besoin de savoir ce qui s'est passé avant la justice. La justice sans la vérité peut souvent paraître comme une manipulation, un abus de pouvoir, une justice des vainqueurs. Or, ceci est contradictoire avec le principe de la réconciliation à travers la vérité comme ce fut le cas en Afrique du sud.

 

Revenons sur la Fesci. Doit-on, si oui ou non, dissoudre la Fesci?

Si on dissout la Fesci, il faut dissoudre tous les partis politiques qui ont manipulé les jeunes. Si on est d'accord, alors il faut le faire. Sinon, ce serait chercher  à cacher la forêt avec un écran de fumée. Ce qui serait plus injuste, car les jeunes ne peuvent pas avoir fait ce qu'ils ont fait sans la couverture des politiques. Hier comme aujourd'hui. Sachons raison garder et surtout ne pas ruer dans les brancards. Le bon ton en somme.

 

Quels sont ces partis politiques qui les ont manipulés?

Quels partis politiques n'a pas de militants Fesci dans ses rangs? Je ne crois pas que même le PDCI puisse affirmer ne pas avoir un fesciste dans ses rangs. JMK Ahoussou a été responsable adjoint de la Fesci en faculté des Lettres en mon temps. Alors acceptons de voir la responsabilité des individus et laissons les organisations, les institutions qui doivent trouver les moyens internes de leurs propres ajustements.

 

 

 

Quel appel lancez-vous?

Je crois que notre pays est passé à côté de la catastrophe. Les réalités du terrain ne sont pas reluisantes. Les corps sont encore dans les rues et les rancœurs prennent de plus en plus le terrain. Il faut savoir apprécier ce que Dieu a fait pour nous et ne pas donner dans l'arrogance et les futilités. Allons à l'essentiel, c'est-a-dire, à la paix et à la réconciliation. La vengeance appartient à Dieu et l'Homme ne peut changer le destin d'un autre. Alors, regardons Dieu et agissons avec sagesse.

Entretien réalisé par

GUY TRESSIA

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