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13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 08:45
JUSTICE- A la barre : Des accrocs de la drogue domptés par le tribunal «Monsieur le procureur, pardon»

Ils sont au nombre de deux prévenus à être convoqués par le juge à la barre. L’un s’appelle Coulibaly Sié Ahmed, il est poursuivi par le tribunal correctionnel pour des faits de détention illicite de drogue en vue de la vente, et l’autre se nomme Bamba Ibrahim. Ce dernier est attrait devant cette juridiction pour les faits de détention illicite de drogue en vue de sa consommation. Ils ont tous les deux été interpellés le 17/04 à Yopougon par la police et ils ont comparu le 30/04, soit après 13 jours de détention, devant le juge répressif, pour enfin s’expliquer sur leur amour inconditionnel pour cette substance prohibée.

Résumant les propos déjà tenus par chacun des mis en cause, pendant leur audition au parquet, le président relate:

-Interrogé par le procureur, Coulibaly Sié Ahmed a déclaré: «Je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés. Je consomme souvent de la drogue pour calmer le mal (une hernie) dont je souffre». Bamba Ibrahim a quant à lui, déclaré: «Je ne reconnais pas les faits. Je ne consomme pas de la drogue. La police n’a rien découvert sur moi».

Cela fait, le juge riposte:

-Aujourd’hui, vous dites quoi devant le tribunal?

Mais avant de laisser les prévenus réagir, il demande au procureur:

-Monsieur le procureur, y-a-t-il un scellé?

-Oui, répond ce dernier en brandissant au juge une enveloppe kaki contenant, selon ses dires, 300 grammes de cannabis et un joint de cette substance psychotrope.

-Il(le scellé) appartient à qui?

-C’est pour les deux prévenus, réplique le procureur.

Instruit, le magistrat entame les débats avec les prévenus.

-Vous vous connaissez? Leur Demande-t-il.

-Non chef, rétorque Bamba Ibrahim.

-Vous habitez le même quartier et vous ne vous connaissez pas? Tempête le juge, incrédule. Vous vous connaissez, fait-il savoir avec sang-froid, aux prévenus.

-Où avez-vous été arrêtés?

-Moi, je charge les taxis «au lavage» (un endroit situé en face de l’église catholique ‘’Saint André’’ à Yopougon), fait savoir Coulibaly Sié Ahmed. Je fume la drogue mais ils (les agents de la police) n’ont rien découvert sur moi, persiste-t-il.

-J’étais, raconte à son tour Bamba Ibrahim, dans un couloir (situé dans le même endroit) en train de me soulager quand j’ai été appréhendé par quatre individus.

Curieux, le président lui demande:

-Ils ne t’ont même pas laissé le temps de te nettoyer et ils t’ont attrapé?

-Oui, un premier homme est arrivé dans les toilettes et il m’a saisi par les cols pour me donner une gifle, et ils m’ont ensuite pris de force pour m’emmener.

-Ce que tu dis est invraisemblable. Cet agent est aussi courageux que ça pour te prendre dans cet état sale? Monsieur le procureur, avez-vous des questions à poser aux prévenus?

-Non, monsieur le président.

-Vous avez la parole pour prendre votre réquisition.

-Coulibaly Sié Ahmed et Bamba Ibrahim sont respectivement poursuivis pour des faits de détention illicite de drogue en vue de la vente et de détention illicite de drogue en vue de sa consommation. Le premier prévenu déclare consommer la drogue pour calmer le mal dont il souffre. Mais il poursuit en disant que le jour de son interpellation, il n’avait pas en sa possession de la drogue. Et le second, lui, ne reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés. Cependant, les agents de la police qui les ont interpellés ont découvert en leur possession cette quantité de drogue contenue dans l’enveloppe. Nous requérons, en ce qui concerne Coulibaly Sié Ahmed, une requalification des faits en ceux de détention illicite de drogue en vue de son usage personnel. Ces faits une fois requalifiés, vous les déclareriez coupables. Et vous condamneriez chacun à 12 mois de prison et au paiement d’une amende de 200 mille francs CFA.

-Qu’est-ce que vous avez à dire pour votre défense?

-Je demande pardon, confessent-ils, mot pour mot, à tour de rôle.

12 mois fermes de prison, le paiement d’une amende de 200 mille francs CFA(pour chacun des prévenus) et la confiscation du scellé en vue de sa destruction, telle a été la décision du tribunal après avoir requalifié les faits, comme voulu par le procureur, en ce qui concerne Coulibaly Sié Ahmed, aux termes de 19 minutes de procès. Désormais en taule, ils disposent d’un temps assez suffisant pour méditer sur leur passion pour la drogue.

11 petites minutes ont suffi pour sceller le sort du présumé voleur

Soustraction frauduleuse de vêtements, telle est la prouesse réalisée par Baldé Yssouf, un ressortissant Burkinabè, âgé de 21 ans et vivant en Côte d’Ivoire. Cet acte illicite mis à sa charge, a été perpétré le 20/04 dans une église du Christianisme céleste, située à Yopougon Banco. Pour répondre son «audace», il a également comparu devant la même juridiction correctionnelle pour se défendre.

La victime du vol a vaillamment brillé par son absence à ce procès (elle a été appelée à 4 reprises sans succès, par le président).

-Monsieur le procureur, dit le juge, avez-vous des observations à faire par rapport à l’absence de la victime?

-La victime a été contactée. Je ne sais pas la raison pour laquelle elle n’est pas venue au procès.

Après cet aveu d’impuissance du procureur, le président décide de poursuivre le procès.

-On t’a trouvé dans une église, raconte le juge, avec un sac contenant les vêtements d’une dame. Et toi, tu as dit que tu étais à la recherche de fer mort. Pourquoi c’est dans une église, à 4 heures du matin, tu vas à la recherche de fer mort?

-C’est dans une église inachevée, se défend le prévenu.

-Si tu n’es pas allé voler le fer à béton de cette église, tu faisais quoi là-bas à cette heure?

-Mon sac était déjà rempli. J’ai commencé à ramasser le fer mort à partir du Carrefour zone jusqu’à Banco.

-Pourquoi c’est à 4 heures du matin tu commences ce travail?

-Je suis allé prier à la mosquée et c’est de la mosquée, j’ai commencé à travailler.

-C’est à quelle heure tu vas à la prière?

-A 4 heures du matin.

Le procureur demande l’autorisation du président pour interroger à son tour le prévenu.

-Allez-y monsieur le procureur, dit le président.

-Est-ce qu’on n’a pas trouvé les habits de la dame dans ton sac?

-Ses habits étaient accrochés sur le mur de la maison.

-Tu dis quoi? S’agite le président. Des habits accrochés, poursuit-il, dans une maison que tu dis inachevée? Monsieur le procureur, vous avez la parole pour votre réquisition.

-Le prévenu ici présent est poursuivi pour des faits de vol portant sur des vêtements. A la barre, il tente de nier les faits. Mais pour nous, tout ce qu’il dit ne nous convainc pas. C’est pourquoi nous requérons qu’il vous plaise de le déclarer coupable des faits qui lui sont reprochés. En répression, vous le condamneriez à 6 mois de prison et au paiement d’une amende de 50 mille francs CFA.

-Le procureur dit de te condamner à 6 mois de prison et au paiement d’une amende de 50 mille francs CFA. Tu dis quoi pour ta défense?

-Monsieur le procureur, pardon.

-Très bien! On a compris.

Après un bref moment de concertation avec les juges assesseurs, le président demande au présumé voleur:

-Tu es de quelle nationalité?

-Je suis Burkinabè.

-Merci pour ta sincérité.

6 mois de prison, le paiement d’une amende de 50 mille francs CFA et l’interdiction du territoire national pendant 5 ans, tel a été le verdict du tribunal après 11 minutes de procès. Après toute la peine qu’il s’est donné pour collecter ce fer mort, il ira séjourner à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan(Maca) sans pouvoir bénéficier des fruits de sa collecte nocturne.

Noël Konan (in L’Eléphant déchaîné N°250)

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