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16 avril 2014 3 16 /04 /avril /2014 20:01
L’Editorial d’Assalé TIEMOKO : Des dirigeants « irresponsables »

Le candidat Ouattara avait promis l’installation, dès son intronisation en cas de victoire à l’élection présidentielle, de la Haute Cour de Justice. Afin que nul, dans ce pays, ne soit irresponsable vis-à-vis de la loi. Mais le président a oublié la promesse du candidat. Trois ans après son intronisation, le fonctionnement de la Haute Cour de Justice ivoirienne a déjà dépassé les frontières de la Côte d’Ivoire. Et les vedettes qui nous gouvernent continuent à être au-dessus des lois.

Aucun juge, aucun policier ne peut les convoquer, ils sont au-dessus des lois. Et lorsque des dysfonctionnements dans des services publics directement placés sous leur autorité surviennent, les sanctions ne s’abattent que sur la tête des subalternes.

La parfaite illustration vient encore d’être donnée avec l’affaire dite « décès d’Awa Fadiga », du nom de cette jeune fille décédée au Chu de Cocody pour défaut de soins.

A la suite du Conseil des ministres tenu ce mercredi 10 avril 2014, le Gouvernement a pris des mesures révolutionnaires : « Sur présentation du ministre, le Conseil a adopté une communication relative aux mesures administratives conservatoires prises à l’encontre de certains responsables du Chu de Cocody. En attendant les conclusions de l’enquête judiciaire en cours, et à la suite de l’enquête administrative effectuée par l’Inspection générale de la santé et de la lutte contre le Sida, le Conseil a arrêté des mesures administratives conservatoires suivantes :

Sont relevés de leurs fonctions, avec effets immédiats, les responsables ci-après désignés du Chu de Cocody :

-Pr Kouassi Jean Claude, Directeur général;

-Pr Tetchi Yavo, chef du service des urgences;

-Mme Abo Marie Yolande, surveillante d’unité de soins des urgences. »

C’est donc, selon le communiqué du Conseil des ministres, sur présentation de la ministre de la Santé, Raymonde Coffi Goudou, que le Gouvernement, s’appuyant sur les présumés résultats d’une enquête administrative réalisée par un service placé sous l’autorité de la même ministre, que les trois responsables ont été relevés de leurs fonctions. En attendant les résultats de l’enquête judiciaire.

Et que fait-on de ces chirurgiens neurologues qui ne sont jamais joignables quand il y a une urgence ? Où était le chirurgien neurologue qui prenait la garde dans la nuit du 23 au 24 mars ?

Si, en attendant ces résultats, le Gouvernement pouvait déjà dire aux Ivoiriens ce qu’il en est des résultats d’une première enquête judiciaire ouverte après le drame survenu au plateau en décembre 2012, on serait déjà bien avancé. Bref, paix à l’âme des 64 victimes…

Si, les sanctions à l’encontre des trois responsables ont été prises sur la base des présumés résultats d’une enquête administrative, sur la base de quels résultats d’enquête administrative la ministre de la Santé a signé le communiqué dans lequel est contenu ce merveilleux passage ?

« C’est le lieu d’appeler les uns et les autres au calme et au respect de la mémoire de cette jeune victime décédée suite à une agression inadmissible et intolérable qui n’engage pas la responsabilité des services de santé ».

Pourquoi relever de leurs fonctions, des gens qui n’ont aucune responsabilité dans le drame qui est survenu ? La ministre aurait donc menti pour gagner du temps ou pour protéger son poste ?

Tout en relevant les responsables du Chu de leurs fonctions, le Gourvernement reconnaît lui-même qu’il a une grande part de responsabilité dans la survenue du drame. Puisqu’il annonce le décaissement en urgence de trois milliards de FCFA pour « restaurer la fonctionnalité des urgences d’Abidjan et de ses environs ».

Il a donc fallu le décès d’Awa Fadiga, après celui de centaines d’anonymes, pour que ce Gouvernement découvre subitement « les difficultés liées à la prise en charge des patients reçus en urgence, aussi bien dans les Chu de la capitale que dans les formations sanitaires périphériques » ?

Tout d’un coup, on réalise que l’enquête judiciaire n’a plus son sens. Puisque les vrais responsables de la mort d’Awa Fadiga viennent de l’avouer !

Heureusement qu’ils ont pris des dispositions pour se rendre irresponsables devant les lois.

A.T. (in L’Eléphant déchaîné N°242)

L’Editorial d’Assalé TIEMOKO : Des dirigeants « irresponsables »
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